Archives mensuelles : février 2012

Grignotage n°195: Mémoires d’Hadrien, Marguerite Yourcenar

Après une visite de son médecin, qui vient de lui apprendre qu’il souffrait d’une maladie mortelle, l’empereur Hadrien commence une lettre destinée à son successeur, Marc-Aurèle. Cette missive devient bientôt le récit de sa vie. Il y relate sa jeunesse, sa prise de pouvoir, sa passion pour les arts et la Grèce, ses pensées d’homme et d’empereur.

Le style de Marguerite Yourcenar, assez précieux, subtil et souvent poétique, peut paraître difficile d’accès, pourtant, il correspond très bien au sujet évoqué, et permet à l’auteur de développer les actions et les pensées de son personnage dans une atmosphère presque  méditative.

A travers cette autobiographie fictive, de nombreux sujets sont abordés, avec beaucoup de justesse, et l’auteure est parvenue à donner aux pensées de son personnage, qu’elle présente assez souvent comme un visionnaire, une portée universelle qui peut donner à réfléchir au lecteur contemporain. Il faut parfois s’accrocher pour suivre le fil du récit, à cause des nombreuses digressions, mais c’est aussi cette richesse dans les thématiques qui m’a plu dans ce livre.

Le narrateur, Hadrien, est en effet d’une grande complexité, son cheminement intellectuel est extrêmement bien décrit, à tel point que l’auteure semble totalement s’effacer derrière son personnage! Celle-ci fait également preuve d’une très grande érudition, mais les nombreuses références à des textes et des évènements antiques s’intègrent avec beaucoup de fluidité dans le récit, et le tout reste assez accessible pour permettre une découverte plaisante et complète de cette époque plutôt méconnue.

Mémoires d’Hadrien est, à mon avis un chef d’oeuvre d’une certaine complexité stylistique et thématique,  « qui se mérite », mais qui vaut vraiment qu’on le découvre!

Si je devais donner une note: 10/10

Des livres sur la toile (8) + appel à participations

C’est parti pour le rendez-vous du mercredi! J’ai craqué sur moins de livres que d’habitude, mais je me rattraperais surement dans les prochaines semaines!

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Marmotte découvre

Tout d’abord un livre en anglais (j’ai pris le résumé dans l’article d’Aline1102 car je n’en trouvais pas d’autre en français!) qui raconte les déboires d’une jeune Lady au début du 20ème siècle! Ca a l’air plutôt rigolo! En plus, il est libre de droit, donc je l’ai téléchargé directement sur ma liseuse!

Lors d’un voyage au Pays de Galles, Lady Maud, la fille de Lord Marshmoreton, est tombée sous le charme de Geoffrey Raymond, un Américain. Scandalisée par cet attachement de sa nièce envers un homme indigne de la famille, Lady Caroline, la tante de Maud, décide de surveiller étroitement sa nièce.

Alors qu’elle est presque séquestrée dans sa propre demeure, Belpher Castle, Maud apprend par les chroniques mondaines des journaux l’arrivée prochaine, à Londres, de Geoffrey. Elle s’arrange alors avec son cousin, Reggie Byng, pour que celui-ci l’amène discrètement dans la capitale, où Reggie doit aller récupérer Percy, le frère de Maud, qui revient à Belpher pour fêter sa majorité.

Mais Maud joue de malchance. Avant d’avoir pris contact avec Geoffrey, elle rencontre justement Percy, qui se promène dans Piccadilly. Pour l’éviter, elle se précipite dans le premier taxi venu et demande à son occupant de veiller à ce que personne ne la remarque. Le passager du taxi n’est autre que George Bevan, un célèbre compositeur américain, qui ne demande pas mieux que d’aider Maud, puisqu’il en est déjà follement amoureux…

Quelques jours plus tard, rongé par ce sentiment, George décide de quitter Londres et de se rendre dans le comté de Hampshire, où il loue un logement près de Belpher Castle. Il espère rencontrer Maud dans le village et avoir l’occasion d’aider cette belle demoiselle en détresse.

L’avis d’Aline01102 et la Fiche Bibliomania

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Marmotte le fait remonter dans sa wish

C’est marrant, parce que je viens d’offrir ce livre à un ado fan de musique, et voilà que je tombe sur une chronique qui le présente de façon élogieuse! En tout cas, j’ai flashé sur le titre, et je trouve cette collection de livres plutôt originale, donc je l’emprunterais certainement pour y jeter un oeil!

Cornélius Caine, jeune aristocrate bègue et maladroit, quitte son collège archi snob pour se plonger dans le « swinging London ».
Grâce à sa cousine sexy et délurée, il découvre la mode, les soirées branchées et rencontre même ses idoles, les Beatles. Il tombe sous le charme du plus insaisissable d’entre eux, John Lennon, et noue avec l’icone pop une dangereuse amitié qui le mènera à la découverte de lui-même…

L’avis de Platinegirl et la Fiche Bibliomania

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Quoi, c’est tout?  Bah oui, mais pas de panique, je suis sure que j’aurais trouvé plus de livres sympa la semaine prochaine! Mais pour me rattraper, une petite nouveauté!

Si vous aussi vous avez trouvé une bonne idée de lecture sur un blog (bon, si possible pas le vôtre!) et que vous souhaitez la partager, n’hésitez pas à m’envoyer l’adresse de l’article, et une ou deux petites phrases d’introduction, à rongeusedelivresblog@gmail.com. L’article sera inclus (sous condition que le titre me plaise un peu^^) dans le Des livres sur la toile de la semaine suivante! Une bonne façon d’élargir nos horizons bloguesques et livresques! J’attends vos mails! 

Grignotage n°194: The ninth, Sobian Welsh


Troisième livre lu dans le cadre du jury du Coup de Coeur 2012!

« L’amour peut-il survivre à l’Immortalité ? » Des cicatrices inexpliquées qui apparaissent sans raison, des cauchemars si intenses qu’elle ne sait plus où se trouve la réalité, Charlie comprend que sa vie ne sera plus jamais la même. Le danger rôde. Qui est ce nouveau surveillant aussi beau qu’étrange qui débarque dans son lycée ? Quel est son rôle dans ces évènements inexpliqués ? Et qui sont ces Immortels qui la traquent sans relâche ? En tentant de protéger sa vie, Charlie se lance dans une quête effrénée de la vérité. Une quête sur le chemin de l’Immortalité.

Je n’aime pas la bit-lit, ni les rencontres stéréotypées où la fille craque en cinq minutes sur le beau brun ténébreux vers lequel elle se sent « irrésistiblement attirée ». C’est pourquoi, après avoir découvert le résumé,  j’ai commencé à lire ce roman avec un bel a-priori négatif, et les premiers chapitres, un peu longs, m’ont en partie confirmé cette impression. Et pourtant, dès que le rythme de l’intrigue s’est accéléré, et dès que l’auteure a commencé à développer un scénario plutôt original et vraiment bien mené, j’ai littéralement dévoré ce livre!

Bien sûr, il y a quelques petites choses qui m’ont dérangée (sinon c’est pas drôle!). Certaines tournures de phrases sont assez maladroites, le style reste très simple, certains dialogues sont un peu cliché. Et je ne vois pas l’intérêt d’un titre en anglais.

N’empêche que j’ai lu The Ninth en deux heures, et que je me suis beaucoup attachée à certains personnages (surtout à Charlie et Sven, dont j’ai adoré le flegme et le fait qu’il soit toujours un peu à côté de la plaque!). Même Elian , l’amoureux de Charlie, gagne en profondeur et finit par devenir attachant.

Le roman, tout en conservant un côté peut-être un peu brouillon (le début surtout est un peu confus, on se retrouve dans l’esprit de Charlie pendant qu’elle se noie, c’est surprenant, peut-être un peu trop!), regorge d’idées vraiment sympathiques, de détails bien trouvés, d’une vraie originalité dans la conception de l’intrigue et dans l’univers décrit.

Il ne s’agit pas d’un coup de coeur mais j’ai vraiment bien aimé cette lecture détente! Et je viens de m’apercevoir qu’il s’agit d’un tome 1! Personnellement  je pense que l’histoire de ce premier volet peut se suffire à lui-même, mais je lirais quand même très volontiers la suite!

Grignotage n°193: La révolte des anges, David Ghisdal

Cette lecture est la deuxième effectuée dans le cadre du jury du « Coup de Coeur 2012 » organisé par Petitebelge!

« Je m’appelle Ariel.
Je suis un ange, un être spirituel, docile et simple, intermédiaire entre dieu et l’homme.
Mais le statut de messager des volontés divines m’est devenu insoutenable.
Depuis un moment, je ne supporte plus l’inactivité.
Mon statut d’ange immobile et inutile m’insupporte.
J’ai pris ma décision définitive un jour de Mars 2008.
J’empêcherai les horreurs sur terre par ma venue pour le bonheur des hommes.

Ariel a donc engagé la révolte des anges.
Mais le diable Ibis n’apprécie guère cette soudaine arrivée.
En ce mois de Mars 2009, Clémentine Duval la petite journaliste Française, Steve Ascot le détective privé et son frère Brian moine à Westminster vont devoir remettre leurs convictions au placard.
Ensemble, ils vont vivre une aventure qui va changer radicalement le cours de leur vie…

Préparez-vous à la révolte! »

Le livre repose sur une idée plutôt originale: un ange, Ariel descendu sur terre pour déjouer les plans du démon Ibis, mais utilisant la violence et tuant de nombreux humains pour parvenir à ses fins. L’intrigue en elle-même est d’ailleurs bien menée, avec une certaine part de mystère, une tension croissante, un brin de romance et quelques pointes d’humour.

Pourtant, j’ai trouvé au livre pas mal de défauts qui m’ont un peu empêché d’en apprécier l’histoire.

Tout d’abord, on sent que l’auteur, en décidant de placer des scènes de son roman aux quatre coins du globe, s’est bien renseigné sur ces différents lieux.  Ce qui est plutôt positif, en fait! Seulement, le réalisme est peut-être un peu trop poussé, au sens où j’ai eu l’impression que David Ghisdal avait placé des détails évoquant les traditions de certains pays, ou fait passer ses personnages par certains lieux, exprès pour utiliser sa documentation. On assiste donc, au milieu de l’action, à de petits « intermèdes culturels » qui, à force, donnent une certaine lourdeur au récit.

De plus, même si seulement une poignée de personnages sont vraiment importants dans l’histoire, et réellement caractérisés, l’auteur s’est « amusé » à donner des noms à tous les autres, même les personnages qui n’apparaissent que pendant une demie-ligne. Encore une fois, on sent une volonté de donner un côté « couleur locale » au récit, en donnant aux personnages des noms typiques des régions évoquées. Mais cela m’a empêché de hiérarchiser les informations, et de savoir à quels personnages je devais m’attacher, à qui je devais m’intéresser, qui allait être important pour la suite… En bref, les noms semblent remplacer les descriptions, qui auraient donné plus de relief à l’histoire, mais sont ici quasiment inexistantes (je ne me rappelle même plus la couleur des cheveux de Clémentine, ou à quoi ressemble Brian. C’est pas primordial, on est d’accord, mais c’est ce qui fait qu’on s’attache ou non aux personnages, et qu’on s’immerge plus ou moins dans l’histoire en se représentant les lieux et l’action avec précision).

De plus, il m’a semblé que l’auteur s’était parfois emmêlé les pinceaux. Par exemple, dans les premières scènes, qui se déroulent à Tokyo, les personnages ont tous des noms japonais… jusqu’à ce qu’on voit apparaître deux ou trois policiers avec des patronymes typiquement coréens (ou alors c’était indiqué qu’ils étaient coréens, mais j’ai zappé…). Perturbant… Ah, et heu… Brian est tantôt prêtre, tantôt moine, c’est quand même pas la même chose… Enfin c’est peut-être moi qui n’ai pas compris!

Ah, oui, parce que je critique, mais en fait, il se peut que ce soit parce que pas mal de détails m’ont échappé… En effet, la transition entre les scènes est souvent assez abrupte, et comme la chronologie est parfois un peu bouleversée, mon petit cerveau de Marmotte a parfois eu du mal à suivre, d’autant que certaines scènes, sans se suivre, se ressemblent (était-il vraiment nécessaire de décrire pendant plus de deux ou trois scènes la façon dont Ariel tue ses victimes? Je m’interroge…).

Vous l’aurez compris, ce roman n’est pas un coup de coeur! Pourtant, ne vous laissez pas impressionner par le nombre de défauts que je lui ai trouvé, en fait, la lecture a quand même été assez sympa, (oui, ça se voit pas, d’accord, pardon!).

Malgré mes râleries (ou mes râlements?), je lirais volontiers un autre livre de cet auteur, car beaucoup d’éléments me semblent très prometteurs, et j’ai apprécié la trame générale de l’histoire et le style d’écriture simple mais efficace!


L’OVNI du mois de Février: La petite fille qui aimait trop les allumettes, Gaetan Soucy

Pour cet OVNI, j’ai choisi, pour une fois, un roman, mais qui correspondait bien à cette rubrique. Il m’a été conseillé par Maman Marmotte, qui m’avait parlé du caractère « OVNIesque » du livre. Donc, merci, Maman Marmotte!

« Nous avons dû prendre l’univers en main mon frère et moi car un matin peu avant l’aube papa rendit l’âme sans crier gare. Sa dépouille crispée dans une douleur dont il ne restait plus que l’écorce, ses décrets si subitement tombés en poussière, tout ça gisait dans la chambre de l’étage d’où papa nous commandait tout, la veille encore. Il nous fallait des ordres pour ne pas nous affaisser en morceaux, mon frère et moi, c’était notre mortier. Sans papa nous ne savions rien faire. À peine pouvions-nous par nous-mêmes hésiter, exister, avoir peur, souffrir. »

Ce livre se lit très rapidement, et m’a laissé une impression étrange. En effet, la narration se fait du point de vue d’un des enfants. Celui-ci nous fait, avec une naïveté désarmante, le récit de faits et d’évènements qui lui semblent normaux, mais qui sont en réalité très dérangeants, voire carrément horribles.

Difficile de parler de l’histoire sans trop en révéler, mais on passe très facilement de l’horreur au rire, et l’inverse, en se rendant compte de l’ignorance de la personne qui raconte, et des circonstances, solitaires et douloureuses,  dans lesquelles elle a vécu.

Le style lui-même est très particulier: ampoulé et très inventif, avec des inexactitudes volontaires, une écriture parfois oralisée et un vocabulaire très riche. J’ai vraiment été fascinée par cette façon d’écrire, plus que par l’histoire en elle-même, mais les deux sont évidemment liés, et participent de la même impression d’intemporalité, d’étonnement, et parfois de malaise. Quelques passages, très poétiques, sont vraiment magnifiques.

Ce livre, que je ne suis pourtant pas sure d’avoir apprécié, est une vraie découverte littéraire et stylistique, que je conseille aux personnes souhaitant faire une lecture décalée, originale et qui n’ont pas peur de se lancer dans quelque chose de vraiment étrange et unique.

Pour ceux qui seraient intéressés, je peux faire voyager ce livre, il suffit de laisser un commentaire sur cet article!