Archives quotidiennes : 07/02/2012

Grignotage n°184: Nana, Emile Zola

Couverture NanaA la fin du Second Empire, Nana commence à se faire connaître, à la fois comme actrice et comme courtisane. Emile Zola décrit ensuite son ascension: elle deviendra une des femmes les plus convoitées de Paris, détruisant dans son sillage les couples et les familles, et entraînant la ruine et parfois la mort de ses amants.

Le début du roman est assez déstabilisant: on assiste à la première représentation donnée par Nana, du point de vue de nombreux personnages, qui se croisent au théâtre. Ces nombreux personnages, le plus souvent des jeunes nobles ou des courtisanes, forment un microcosme qui représente et résume les réactions de Paris face à la renommée grandissante de Nana. Au vu de leur nombre, il est assez difficile au début de se rappeler qui est qui. Cependant, certains caractères m’ont davantage marquée, notamment les hommes dont la vie va être dévastée par leur passion pour Nana.

Celle-ci est évidemment décrite comme très belle, et Zola réinvente dans ce roman le mythe de la femme rousse au caractère flamboyant. Cependant, il m’a semblé difficile, voire impossible, de m’attacher à cette héroïne, à la fois fascinante et repoussante.  Nana devient en effet, à mesure de son ascension, et sans le vouloir vraiment (l’auteur précisant à plusieurs reprises que bien qu’assez bête, elle n’est pas méchante), une sorte de créature fantastique et maléfique, une ogresse qui dévore sans pitié les fortunes et les hommes.

Zola n’épargne à son lecteur aucun détail de la luxure et de la déchéance morale de ses personnages, insistant sur les nombreuses transactions financières qui régissent la vie et les faveurs que prodigue son héroine. Le tout est écrit dans un style très accessible (oui, c’est possible!), dont les descriptions, assez courtes, riches sans être surchargées, permettent de très bien se représenter l’époque, les lieux, le cynisme et l’hypocrisie des personnages. Chaque chapitre se passe dans un lieu différent, et relate une étape de l’ascension de Nana, la structure du roman est donc très facile à suivre, malgré le nombre de protagonistes et de péripéties.

Alors que j’ai beaucoup aimé ma lecture, presque un coup de coeur, j’ai été déçue par la fin moralisatrice (un peu comme celle des Liaisons Dangereuses, par exemple), qui m’a semblé arriver brutalement, après une ellipse un peu bâclée.

Malgré ce bémol, j’ai quand même passé un très bon moment avec ce roman, que j’ai trouvé passionnant et qui m’a donné envie de lire d’autres romans de Zola.

Si je devais donner une note: 9/10

Ce livre a été lu dans le cadre du challenge Classiques au Coin du Feu.