Grignotage n°271: Bleu de Sèvres, Jean-Paul Desprat

Couverture Bleu de SèvresLouis XV, adroitement inspiré par Mme de Pompadour devient, en 1760, l’unique actionnaire de la Manufacture de Sèvres. Afin de percer le secret de la porcelaine dure, fabriquée en Saxe, il engage deux frères chimistes. Mais des coups bas se multiplient et des espions sortent de l’ombre… Ecrit avec fougue et talent, voici la passionnante aventure d’une des premières affaires d’espionnage industriel.

J’ai passé un très bon moment avec ce roman très complet et assez exigeant du fait de sa densité.

En effet, Jean-Paul Desprat ressuscite, comme cadre de son roman, tout le siècle des Lumières et son effervescence, tant sur le plan de la littérature et de la philosophie que sur celui de la recherche scientifique. Il reconstitue avec beaucoup de détails et une pointe d’érudition l’atmosphère de Paris, de Versailles, ou encore de villes et de lieux plus excentrés.

Cette richesse du décor, qui fait tout l’intérêt du roman, donne évidemment lieu à l’apparition de nombreux personnages, parmi lesquels quelques célébrités, comme Diderot, Rousseau ou encore Louis XV et la marquise de Pompadour, mais aussi des ouvriers, artisans, artistes et personnalités de l’entourage d’Anselme et Mathieu, les deux personnages principaux. Ceux-ci sont d’ailleurs assez attachants, et j’ai vraiment pris plaisir à suivre leur évolution, l’un en tant que chimiste, l’autre comme musicien, ainsi que celles de leurs proches, surtout le personnage de Pierre-Antoine Hannong, que l’auteur rend très fantasque et charismatique. Tous les personnages sont d’ailleurs très bien caractérisés et tout à fait crédibles, à tel point qu’il est difficile de savoir qui est un personnage fictif et qui a réellement existé.

L’intrigue se penche à la fois sur la vie personnelle des protagonistes, et sur la découverte du secret de fabrication de la porcelaine. Chimie, art, histoires d’amour, philosophie, complots, voyages et espionnage pré-industriel se mêlent donc pour former un livre à mi-chemin entre le roman historique et la chronique d’historien. En effet, l’auteur ne néglige aucun détail, ce qui rend le roman assez dense, mais grâce à une écriture élégante et claire, les explications techniques demeurent très accessibles et peuvent s’avérer passionnantes. Certaines digressions sur le contexte historique, bien qu’intéressantes, m’ont quand même paru un peu longues. En effet, il arrive parfois que l’on perde de vue les personnages principaux et la dimension purement romanesque de l’intrigue, au profit d’une explication technique détaillée.

Ce faisant, on apprend évidemment beaucoup de choses sur l’art de la porcelaine qui à l’époque représentait  le sommet du luxe et de l’élégance, et surtout un enjeu politique et économique de taille entre plusieurs nations européennes. C’est d’ailleurs une dimension que je ne connaissais pas du tout et qui m’a particulièrement intéressée. La fin du livre reste assez ouverte, et si ce pavé de 800 pages peut aisément se suffire à lui-même, je suis quand même très curieuse de lire la suite!

J’avais été intriguée par le thème original de ce roman historique, et je n’ai pas été déçue, ni par la qualité de la reconstitution historique, ni par la plume vraiment très agréable et claire de Jean-Paul Desprat. A lire tranquillement, dans une atmosphère propice à la concentration!

Si je devais donner une note: 8,5/10
Marmotte aime beaucoup! 

Ce livre a été lu dans le cadre du challenge Feuilles Mortes et Parchemins!

3 réponses à “Grignotage n°271: Bleu de Sèvres, Jean-Paul Desprat

  1. J’étais partante et je vois qu’il faut le lire avec concentration… ah lala, du coup ca ne va pas etre possible… tant pis!

    • Oh bah si faut pas te laisser décourager par ça! Disons que c’est juste pas le genre de bouquin que tu reprends dix minutes dans le bus, mais il est très accessible quand même 🙂

  2. Pingback: Les découvertes livresques de Marmotte | Les Bouquinautes - bêta

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