Grignotage n°142: La voleuse de livres, Markus Zusak

Encore un roman sur la 2nde Guerre Mondiale en Allemagne? Oui! Mais celui là est raconté par une narratrice un peu spéciale: la Mort elle-même, qui nous décrit la vie d’un quartier d’une petite ville près de Munich. Elle nous raconte surtout la vie d’un personnage surprenant: Liesel, une petite fille qui, confiée par sa mère a une famille d’accueil, et fascinée par le pouvoir des mots, deviendra La Voleuse de Livres.

Tout d’abord, merci à Pando’ de m’avoir offert ce livre à l’occasion d’un swap! Comme j’avais prêté mon édition à Minidou au moment où ce livre a été choisi pour être ma prochaine lecture, je l’ai lu en VO, mais je ne manquerais pas de le relire, et pourquoi pas, en français. J’ai d’ailleurs beaucoup apprécié les nombreux termes allemands présents dans ce livre, on sent la familiarité de l’auteur avec cette langue, et cela m’a beaucoup aidé à m’immerger dans l’atmosphère du roman.

La Mort est une narratrice un peu déstabilisante, à cause de son franc-parler et de son humour acide, très particulier. On sent sa fascination, voire son affection pour les humains. Sa présence permet à l’auteur quelques fantaisies narratives, comme  révéler dès le début de l’ouvrage quels sont les personnages qui meurent à la fin. Cela gâche-t-il le suspense? Pas vraiment, car on ne sait pas quand ils vont mourir, et à mesure qu’on s’attache à eux, l’attente devient de plus en plus difficile! De plus, en tant que lectrice, j’ai tendance à lire la fin du livre avant le début, juste pour voir par quel tour de magie narratif l’auteur va mener ses personnages jusqu’à la situation finale… cela ne pouvait que me plaire!

Au niveau de la narration, j’ai aussi beaucoup aimé les petits encarts, signalés par une police et une mise en page particulières, qui donnent des indications annexes sur le récit, les personnages, le contexte … la présence de deux récits extrêmement touchants, et assortis de dessins, au coeur du roman, m’a également beaucoup plu. L’écriture, simple mais recherchée, est très agréable, parfois surprenante sans être tortueuse.

Une multitude de personnages tournent autour de l’héroïne, Liesel, et on plonge dans la vie de ce microcosme, reflet de l’Allemagne des années 40. On s’attache énormément à certains figures marquantes, comme Liesel elle-même, , ou son meilleur ami Rudy. C’est tout un quartier qui vit entre les pages de ce livre! On suit l’arrivée difficile de Liesel, ses découvertes, les joies et les peines de sa famille d’accueil… J’ai surtout été marquée par l’arrivée de Max, un jeune juif que les parents adoptifs de Liesel vont cacher pendant plusieurs mois. Malgré l’atmosphère difficile du récit, la chape de plomb imposée par le régime nazi et la guerre, certaines scènes marquantes de l’enfance de Liesel sont très drôles, très joyeuses. Plus qu’un récit des conditions de vie difficiles dans ce quartier bavarois, ce livre fourmillant de détails,  sans laisser transparaître un optimisme surjoué, devient par sa profondeur et sa simplicité un très bel hymne à la vie et à l’humanité.

Le parcours de Liesel est évidemment marqué par des livres, qu’elle volera, qu’on lui offrira, ou qu’elle trouvera totalement par hasard. Les circonstances de leur « adoption » et de leur lecture vont fortement influencer la vie de la jeune fille et de ses proches, que ce soit grâce à la maturité que l’héroïne acquiert en les lisant, ou par des curieux hasards qui font qu’elle doit parfois la vie à ses livres. L’auteur nous offre une très belle réflexion sur le pouvoir des mots, et la manière dont ils peuvent forger l’identité d’un lecteur.

La fin du livre m’a semblé arriver trop vite, après un douloureux retournement de situation. Je ne voulais plus quitter les personnages et l’étrange narratrice de ce récit! Celui-ci se démarque  par une émotion diffuse, une sorte de charme distillé à chaque page sans qu’on s’en rende forcément compte, et qui se fait palpable au détour d’une phrase, ou lors d’une scène particulièrement poignante.

Un coup de coeur pour ce livre beau, original, intelligent, touchant, poétique, drôle, triste… bref, si vous en avez l’occasion, n’hésitez pas à faire la connaissance de Liesel et de la Mort!

Si je devais donner une note: 10/10!

7 réponses à “Grignotage n°142: La voleuse de livres, Markus Zusak

  1. Il faut vraiment que je découvre ce livre un jour !

  2. J’avais lu ce livre en français il y a un bout de temps et je m’en souviens encore tant il m’a marqué! J’avais tout simplement adoré! Les mots d’allemand ici ou là m’avaient charmés. Un livre à relire pour moi! ( et pourquoi pas en VO? ^^)

  3. J’avais beaucoup aimé également, même si ce n’est pas un coup de cœur ! Ce livre est une véritable machine à citations, toutes les phrases sont belles…

  4. En ce qui me concerne, je n’ai pas aimé et ai abandonné ma lecture…

  5. Pas tout à fait un coup de coeur mais c’est un petit bijou tout de même. Je suis d’accord avec tous les adjectifs que tu emploies dans ta conclusion ! 🙂

  6. En lisant ta chronique, j’ai commencé par noter en commentaires tout ce que j’aimais et sur quels points j’étais d’accord avec toi… avant de voir que finalement, j’étais unanime avec ta chronique 😀
    j’ai même pleuré à la fin :/ (mais pas forcément là où on s’y attend, juste après)

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