Grignotage n°56: La Ballade de l’Impossible, Haruki Murakami

J’ai lu ce roman sur les conseils d’une amie qui aime beaucoup cet auteur, et qui est tombée amoureuse de ce livre. Je n’avais encore jamais lu de Murakami, et ne connaissant pas bien la littérature japonaise, je me suis embarquée dans cette lecture sans a-priori. Je l’ai commencé le matin, et fini à minuit, impossible de le lâcher avant de l’avoir terminé.

Voici la quatrième de couverture! Au cours d’un voyage en avion, le narrateur entend une chanson des Beatles: Norwegian Wood. Instantanément, il replonge dans le souvenir d’un amour vieux de dix-huit ans. Quand il était lycéen, son meilleur ami, Kizuki, s’est suicidé. Kizuki avait une amie, Naoko. Ils étaient amoureux. Un an après ce suicide, le narrateur retrouve Naoko. Elle est incertaine et angoissée, il l’aime aussi. Une nuit, elle lui livre son secret, puis disparaît…
Hommage aux amours enfuies, « La ballade de l’impossible » est un magnifique roman aux résonances autobiographiques, d’une tendresse et d’une intensité érotique saisissantes.

Comme dit plus haut, je n’ai pas réussi à lâcher ce livre une fois entamé. Pourtant, on ne peut pas dire qu’il s’agisse d’un roman plein d’action et de rebondissements. Il se passe des choses, mais celles-ci sont racontées d’une façon minutieuse, contemplative, qui incite à la mélancolie. Le narrateur, avant de nous raconter des faits, nous peint d’abord une atmosphère, et au delà de son histoire avec Naoko, il nous raconte sa vie d’étudiant, la façon dont il passe, à travers de nombreuses expériences difficiles et des choix, à l’âge adulte. Bien que les relations amoureuses soient omniprésentes, et accompagnées d’une certaine sensualité, l’auteur s’intéresse avant tout aux émotions de son héros et à sa façon d’analyser les événements.

Plusieurs personnages croisent sa route, chacun avec une densité particulière, une grande profondeur, et une philosophie différente. Chacun est forgé par ses expériences passées et ses traumatismes, et tous finissent par les raconter au héros. Cette succession de récits fait découvrir au lecteur des personnages qui se cherchent, s’accrochent à la vie ou s’en éloignent, mais possèdent tous une part de folie douce, d’excentricité ou de névroses qui les rend complexes, étranges, et pourtant très humains. J’aime beaucoup le personnage de Midori, avec ses caprices, ses sautes d’humeur, son entêtement à vivre malgré les épreuves. Watanabe, le narrateur, m’a plu pour son goût de la littérature, mais m’a paru étrangement détaché des évènements, comme s’il se laissait porter par eux, sans réussir à vraiment faire un choix. D’ailleurs, à la fin, du roman, même si toutes les interrogations ne sont pas levées, il semble que le destin intervienne en ne laissant pas le choix à Watanabe, ou encore en résolvant ses problèmes à sa place, mais ce non-choix laisse au héros un certain sentiment de culpabilité, et contribue à l’ambiance désabusée du roman.

Même si ce roman n’est pas un livre sur le Japon, on y retrouve un certain nombre de thèmes propres à la culture japonaise, et les changements sociaux évoqué par le narrateur apportent au roman un intérêt supplémentaire pour moi qui m’intéresse à la culture et à l’histoire de ce pays. L’auteur, qui possède une plume d’une grande élégance (et apparemment très bien traduite!), décrit les paysages et les émotions avec beaucoup de justesse. Je suis restée longtemps plongée dans l’atmosphère tranquille et mélancolique du roman après l’avoir refermé.

J’ai beaucoup aimé cette lecture, différente des livres que j’ouvre habituellement, et ce premier contact avec Murakami m’a vraiment donné envie de lire d’autres de ses livres. Merci beaucoup à Mayu pour m’avoir fait découvrir cet auteur!

Si je devais donner une note: 9,5/10

 

10 réponses à “Grignotage n°56: La Ballade de l’Impossible, Haruki Murakami

  1. Quelle belle critique, qui m’incite encore plus à découvrir cet auteur 🙂

  2. Merci Shanaa, et bonne lecture si tu décides de le lire^^

  3. Je vais découvrir cet auteur avec Kafka sur le rivage qui est dans mon challenge ABC de cette année et à lire ton billet, je me dis que je vais me régaler avec la plume de cet auteur !

  4. Kafka sur le rivage est dans ma PAL! Je pense que je ne vais pas lâcher cet auteur de sitôt^^

  5. Haruki Murakami est un de mes auteurs préférés et il ne me reste malheureusement plus beaucoup de ses livres à découvrir…
    J’avais beaucoup aimé La ballade de l’impossible (et ta critique donne bien envie de le relire !) mais mes chouchous restent Kafka sur le rivage (il ne doit pas rester longtemps dans ta PAL ^^) et Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil.

  6. Voilà une chronique qui fait que je vais sûrement remonter Murakami dans mes « lectures prioritaires » (elles le sont toutes mes certaines plus que d’autres ^_^). Il faut vraiment que je découvre son style!

  7. Je suis contente que ma chronique donne envie de le lire. Niënor je note les titres, et Sollyne, bonne lecture! Merci de votre passage! 😀

  8. Comme les autres… ta chronique me donne très envie de lire ce livre!^^

  9. My name is not Mayu WTF de WTF xD
    Même si je signe Mayu sur le net ~~

    J’aime beaucoup ta critique ❤ Tu arrives mille fois mieux que moi à décrire ce livre qui est pourtant de loin mon préféré. Si tu veux en lire d'autres, dès que tu as le temps, n'hésite pas à me demander ~~
    On te conseille pas mal Kafka sur le rivage qui est effectivement l'un de ses meilleurs, même si je lui reproche le nombre assez impressionnant de scènes de fesses ^_^ C'est un autre style de poésie, mais les caractères des personnages de Murakami se retrouvent =P Ca devrait te plaire.
    La course au mouton sauvage est vraiment bien aussi mais je pense que le traducteur est moins bon que pour les romans de Murakami publiés chez 10:18 u_u

    Bisous ~~

  10. Contente que ma critique te plaise… Mayura :p
    Je viendrais piocher dans ta bibli à l’occasion ^^ J’ai failli craquer sur la Course au mouton sauvage au Fufu hier… mais j’essaie de rester raisonnable niveau achat pour l’instant 🙂
    Bisous^^

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